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Tirer profit de la catastrophe?

À propos du désastre Corail-Cesselesse, dans un article et dans son récent livre, Jonathan Katz, journaliste à l’Associated Press, accuse le président de NABATEC, Gérald Emile « Aby » Brun, de manœuvrer en coulisse : il recommande ses terres pour y installer des camps de réfugiés, afin d’ensuite offrir aux compagnies étrangères une communauté de travailleurs « prêts à l’emploi ». M. Brun siégeait à la commission présidentielle qui a recommandé le site.

Lors d’entrevues approfondies avec Ayiti Kale Je, M. Brun n’a pas nié avoir souhaité que les camps soient un jour intégrés à « un concept résidentiel moderne et décent, qui avait déjà été approuvé » dans le cadre de son projet Habitat Haïti 2020. Or, il a aussi fait remarquer que le territoire appartenant principalement à NABATEC était le seul espace libre près de Port-au-Prince, bordé par des montagnes et un lac d’une part, et par la mer des Antilles de l’autre.

« Quand ils cherchaient des terres pour les débris, pour le recyclage, puis pour les campements, ils ont compris que l’État n’avait pas de terre plus grande qu’un terrain de soccer », explique M. Brun.

De nombreuses sources, dont les dirigeants d’UN-Habitat, confirment que le « manque de terrain » constituait l’un des pires défis de la reconstruction.

M. Katz n’a jamais rencontré M. Brun en personne.

Gérald Emile « Aby » Brun, architecte et président de NABATEC S.A.,
examine une carte du projet Habitat Haïti 2020.
Photo : AKJ

M. Brun, qui a démissionné de la commission après la parution de l’article de M. Katz, le 12 juillet 2010, affirme n’avoir jamais imaginé que les squatters envahiraient la propriété.

« Mais pourquoi aurais-je abandonné un rêve de 14 années de planification et d’investissements? », raisonne-t-il dans un courriel à AKJ en décembre 2012.

Quand l’occupation a commencé, les compagnies étrangères qui négociaient avec NABATEC, comme le fabricant de vêtements coréen SAE-A, ont abandonné le projet. (SAE-A est aujourd’hui un locataire-clé au parc industriel situé au nord et parrainé par MM. Clinton et Martelly.)

Selon M. Brun, qui affirme avoir investi plus de 1,5 million $US dans le projet, « Ce rêve d’une nouvelle cité a été anéanti par des esprits étroits et cupides, sous les yeux tolérants de la communauté internationale. Habitat Haïti 2020 a très probablement été anéanti par Corail et Canaan! »

17 juin 2013

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