UDTs en Haïti
UDT (urinary diversion toilet) est un néologisme dans la littérature sanitaire en Haïti. C’est une toilette écologique qui vise à séparer l’urine des excréments avec l’objectif de conservation de l’eau et de production de compost. Elle est utilisée en Afrique, en Europe et en Asie. Les UDT sont plus coûteuses à construire que des toilettes à fosse.
Selon SOIL (Sustainable Organic Integrated Livelihoods), leur utilisation sans danger exige une formation sérieuse. Cela demande une quantité de travail pour les garder bien entretenues. Pour la directrice de SOIL, Sasha Kramer, dont le site de compostage se trouve à Trutier, elles conviennent pour les personnes qui souhaitent produire de l’engrais à partir de leurs déchets. Elles sont aussi une bonne option pour les endroits où :
- La nappe phréatique est trop élevée pour des toilettes à fosse
- Les inondations sont courantes
- Le sol est très dur à creuser
- Les gens veulent des toilettes permanentes dans leur maison ou à proximité.
Pour SOIL, les UDT sont un succès. « Ce système fonctionne bien dans les camps car une quantité suffisante de personnes les utilisent. Nous nous assurons que les règles d’hygiène soient respectées », d’après Sasha Kramer, directrice de SOIL.
Actuellement, plus d’une centaine de latrines publiques construites par SOIL fonctionnent à Cité Soleil, à Delmas, au camp Kawonabo, selon Kramer.
La méthode de SOIL est simple : des campagnes de sensibilisation et de formation sont lancées auprès des bénéficiaires pour leur expliquer le fonctionnement des UDT.
Par exemple, après toute utilisation, l’usager doit couvrir les fèces avec des copeaux de bois ou « bagasse de canne à sucre ». L’usager doit veiller à ce que l’urine ne soit pas mélangée avec l’excrément. Bien couvrir l’UDT après tout usage. Le récipient, une fois rempli, est déposé dans un endroit aménagé puis transféré au site de compostage.
Un UDT dans le camp Village Eden. Photo: Fritznelson Fortuné
Résultat ? Pas d’odeurs, pas de cafards, de mouches ou d’agents polluants.
« Les usagers préfèrent ces toilettes à tous les autres modèles par sa capacité à éliminer les odeurs et de rester saines », affirme Kramer.
Après la mauvaise expérience de Concern à Tabarre Issa, l’organisation a demandé à SOIL de fournir son expertise au camp Village d’Eden. Dans le projet pilote, une toilette publique dessert la population générale pendant que 10 familles expérimentent des UDT dans leurs abris provisoires.
Ydermond Midi, formateur de Concern au camp Village Eden, en train de verifier
un UDT. Photo: Fritznelson Fortuné
Ydermond Midi, qui habite au camp et qui est responsable de formation pour Concern, ne cache pas son appréciation : « Ca fonctionne bien ici, tout le monde utilise le système sans difficulté et les règles d’hygiène sont respectées ».
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Ce texte est réalisé avec le support du Fonds pour le journalisme d’investigation en Haïti